Comprendre l’ataxie du chat et les raisons de ses pertes d’équilibre

25 juin 2020 -

ataxie chez le chat

Nos petits félins domestiques sont généralement les rois de l’équilibre ! Il est donc toujours surprenant et inquiétant de voir un chat qui tombe facilement, qui titube, ou encore qui tourne en rond… Ce phénomène a un nom : il s’agit de l’ataxie. Généralement causé par une atteinte du système nerveux, ce trouble ne doit pas être pris à la légère. En effet, outre la dégradation importante de la qualité de vie qu’il occasionne pour le chat, il peut être le symptôme d’un problème plus grave encore. Découvrez donc l’ataxie du chat et les explication de certaines pertes d’équilibre liées.

Qu’est-ce que l’ataxie chez le chat ?

L’ataxie est un trouble de la coordination des mouvements volontaires. Elle se manifeste par une démarche anormale ou chancelante, et des pertes d’équilibre pouvant aller jusqu’à la chute.

Il ne s’agit pas d’une maladie à proprement parler, mais d’un syndrome, c’est-à-dire une série de symptômes pouvant correspondre à plusieurs maladies distinctes. La plupart du temps, l’ataxie est due à un problème neurologique : selon les cas, celui-ci se situe au niveau du cerveau, ou de la moelle épinière.

Une atteinte de l’oreille interne peut également provoquer une ataxie. En fonction de la cause du trouble, l’évolution est plus ou moins favorable. Certaines ataxies peuvent disparaître spontanément en quelques jours, ou être résorbées par l’administration de médicaments vétérinaires. D’autres nécessitent des interventions chirurgicales lourdes, ou s’avèrent irréversibles.

Les différents types d’ataxie chez le chat et leurs origines

On distingue trois types d’ataxie chez le chat, en fonction de la partie du système nerveux qui est à l’origine du trouble :

  • l’ataxie vestibulaire, qui est due à un dysfonctionnement du système vestibulaire ;
  • l’ataxie médullaire, qui est occasionnée par une lésion de la moelle épinière ;
  • l’ataxie cérébelleuse, qui est causée par une atteinte du cervelet.

L’ataxie vestibulaire

Le système vestibulaire est constitué par une série d’organes qui participent au maintien de l’équilibre. Ses constituants principaux sont l’oreille interne, et le noyau vestibulaire situé dans le tronc cérébral.

On parle d’ataxie vestibulaire périphérique lorsque le problème se situe au niveau de l’oreille interne. Il s’agit de la partie de l’oreille située à l’arrière du tympan et des osselets. L’oreille interne participe au fonctionnement de l’ouïe, mais joue également un rôle majeur dans le maintien de l’équilibre.

En effet, elle coordonne les mouvements des yeux et ceux de la tête, et renseigne le cerveau sur la position du corps dans l’espace. Une atteinte de l’oreille interne conduit donc à un déséquilibre. En effet, le cerveau ne reçoit plus d’informations cohérentes, et ne peut plus réguler correctement la posture du corps.

L’ataxie idiopathique est une forme particulière de l’ataxie vestibulaire périphérique. Elle survient lorsque l’oreille interne cesse de fonctionner, sans pour autant qu’un de ses composants soit endommagé.

Lorsque c’est le noyau vestibulaire qui est atteint, on est face à une ataxie vestibulaire centrale. Dans ce cas, l’oreille interne envoie des informations exactes au cerveau, mais le noyau vestibulaire ne les traite pas correctement. C’est ce défaut dans le traitement des informations qui crée le déséquilibre chez le chat.

L’ataxie médullaire

L’ataxie médullaire trouve son origine dans une lésion de la moelle épinière. Afin de réguler la posture du corps, le cerveau doit recevoir des informations précises transmises par les nerfs. Ces informations lui permettent de connaître la position des membres, et la forme du terrain sur lequel le chat marche.

En retour, le cerveau envoie des signaux aux muscles afin de corriger la posture en permanence. Cette communication entre les nerfs et le cerveau passe obligatoirement par la moelle épinière. Lorsque celle-ci est endommagée, les informations ne circulent plus correctement. Le cerveau ne reçoit donc plus de données fiables, et les muscles ne sont plus commandés de façon adéquate.

La marche est affectée, et le chat présente une faiblesse des pattes. L’ataxie médullaire est également appelée ataxie proprioceptive. En effet, elle touche la proprioception, c’est-à-dire la perception de la position du corps.

L’ataxie cérébelleuse

L’ataxie cérébelleuse est causée par une atteinte du cervelet. Cette partie du cerveau joue un rôle crucial dans la synchronisation et la coordination des mouvements. Lorsqu’elle est endommagée, que ce soit par un traumatisme, une tumeur ou une infection, elle cesse d’assurer correctement sa fonction. Il en résulte un état de déséquilibre constant, que l’animal soit en mouvement ou immobile.

Les causes de ce trouble de l’équilibre chez le chat

Les formes d’ataxie étant nombreuses, leurs causes le sont tout autant ! Accident, AVC, infection… De multiples facteurs peuvent conduire à une détérioration de l’oreille interne, du cerveau ou de la moelle épinière.

Ataxie idiopathique

L’ataxie idiopathique survient brutalement. L’oreille interne cesse subitement de remplir sa fonction, et ce, sans raison apparente. Dans ce cas, le traitement vise uniquement à soulager les symptômes, en attendant que l’oreille interne redémarre. L’évolution est positive dans la majorité des cas, et l’état du chat commence généralement à s’améliorer dans un délai de trois jours.

Traumatismes

Le système nerveux peut être endommagé lors d’une chute, d’une collision avec un véhicule, ou d’une confrontation avec un autre animal. Si la lésion se situe au niveau des vertèbres, elle va entraîner une ataxie médullaire. Dans les cas les plus graves, l’arrière-train peut être paralysé. Si c’est le cerveau qui est endommagé, cela va provoquer une ataxie cérébelleuse. Une blessure importante des pattes peut également causer une ataxie proprioceptive.

AVC

L’AVC, ou accident vasculaire cérébral, se produit lorsque la circulation sanguine s’arrête au niveau d’une partie du cerveau. Cela provoque un endommagement plus ou moins grave de la zone touchée. Différents troubles peuvent en résulter, dont des problèmes neurologiques entraînant un défaut de coordination des mouvements du chat.

Infections

Diverses infections peuvent s’attaquer au système nerveux du chat, qu’elles soient virales, bactériennes, ou encore parasitaires. On peut notamment citer la péritonite infectieuse féline, le FIV, la leucose, la toxoplasmose, et la rage. Beaucoup de ces infections sont heureusement évitables. Pour cela, il suffit de faire vacciner son chat et d’effectuer les rappels, et de le vermifuger deux à quatre fois par an.

Une otite peut causer une ataxie vestibulaire passagère. Si elle est mal soignée, les dommages de l’oreille interne peuvent malheureusement être irréversibles.

Tumeurs et polypes

Des tumeurs ou des polypes peuvent se développer tant au niveau du cerveau que sur la moelle épinière, et causer une ataxie. Suivant la localisation, seules les pattes postérieures sont touchées, ou c’est l’ensemble du corps qui est affecté.

Troubles métaboliques

Le dysfonctionnement de certains organes, tels que le foie et les reins, est susceptible d’entraîner des atteintes cérébrales. Celles-ci peuvent se traduire par une ataxie médullaire.

Intoxications

Nos petits félins sont de grands curieux ! Il arrive malheureusement que leur instinct d’exploration les fasse entrer en contact avec des produits toxiques. Parmi ces substances, les insecticides sont particulièrement susceptibles de provoquer des problèmes neurologiques, notamment une ataxie proprioceptive. C’est le cas entre autres de la perméthrine, utilisée chez le chien comme anti-puces. Certaines plantes toxiques pour le chat peuvent également être à l’origine de troubles neurologiques.

Maladies congénitales

Certains chatons sont malheureusement frappés par l’axonopathie centrale, une maladie nerveuse qui provoque une faiblesse et un défaut de coordination des pattes postérieures. Cette maladie touche particulièrement le Sacré de Birmanie.

Les symptômes permettant de savoir si mon chat est atteint d’ataxie

L’ataxie est un syndrome de perte d’équilibre. En fonction de l’organe atteint, cela peut se traduire par différents symptômes, dont voici une liste non exhaustive. Si vous observez certains de ces symptômes chez votre chat, il est fortement recommandé de consulter rapidement un vétérinaire :

  • démarche anormale, avec des pas trop courts ou trop longs ;
  • démarche chancelante, chat qui titube comme s’il était ivre ;
  • déséquilibre de l’arrière-train ;
  • sauts maladroits ;
  • appui sur le dessus des doigts lors de la marche, en traînant les pattes ;
  • pertes d’équilibre, chutes fréquentes ;
  • chat qui tourne en rond, et tombe sur le côté ;
  • faiblesse des pattes ;
  • peur de bouger, limitation des déplacements ;
  • tête penchée d’un côté ;
  • tremblements ;
  • nystagmus (mouvements oculaires saccadés et incontrôlés) ;
  • vomissements ;
  • signes de malaise général : stress, miaulements intempestifs…

Comment faire la différence entre un chat atteint d’ataxie et un chat maladroit ?

La plupart des chats sont particulièrement vifs et adroits. Ils se déplacent avec aisance, grimpent bien et sautent parfaitement. Toutefois, il arrive que des chats aient un comportement maladroit, et chutent plus souvent que leurs congénères. C’est notamment le cas des chatons, et chez certains individus cela peut subsister à l’âge adulte.

Mais, face à un chat qui tombe, comment savoir s’il souffre d’ataxie, ou s’il est juste maladroit ? Seul un expert de la santé animale pourra poser un diagnostique fiable. Cependant, si le comportement de votre chat ne change pas, et que la fréquence des chutes n’augmente pas, il n’y a à priori pas de raisons de s’inquiéter.

En revanche, si l’on constate une évolution négative de la situation, avec des chutes plus fréquentes ou l’apparition d’autres symptômes, il peut s’agir d’une ataxie. Dans tous les cas, mieux vaut consulter un vétérinaire au moindre doute.

Comment diagnostiquer ce trouble de l’équilibre du chat ?

Les causes de l’ataxie peuvent être très diverses, et les symptômes sont variés. Le diagnostic n’est donc pas toujours aisé. Afin de déterminer la cause du problème, le vétérinaire s’appuie tout d’abord sur l’observation de l’animal.

Certains comportements sont en effet spécifiques à une forme d’ataxie en particulier. Il interroge également le maître du chat, qui est alors un allié précieux. En effet, celui-ci peut souvent décrire précisément la chronologie de l’apparition des symptômes, et signaler un éventuel accident, ou une potentielle intoxication… L’idéal reste de prendre une vidéo de son chat et son comportement étrange, afin de la partager avec le vétérinaire.

En fonction de ces éléments, le praticien est généralement en mesure de construire une première ébauche du diagnostic. En effet, en fonction des symptômes, il peut déterminer quel organe est touché : l’oreille interne, le cerveau, la moelle épinière… Pour affiner son diagnostic, le vétérinaire a ensuite recours à différents examens :

  • analyses sanguines pour détecter une infection virale ou bactérienne, ou un déséquilibre métabolique ;
  • radiographie, IRM ou scanner pour localiser une tumeur, un problème de vertèbres, etc. ;
  • prélèvement de liquide céphalo-rachidien ;
  • prélèvement par ponction dans une tumeur…

Comment soigner l’ataxie chez le chat ?

Le traitement de l’ataxie se fait sur un double niveau. Il vise d’une part à réduire les symptômes, et d’autre part à soigner la maladie du chat ou le trouble à l’origine du problème. En cas de vertiges importants, des anti-vomitifs peuvent être prescrits, afin d’éviter que l’animal ne se déshydrate.

En fonction de la cause de l’ataxie, les traitements sont très différents. Face à une origine infectieuse, le vétérinaire pourra prescrire un traitement médicamenteux : antibiotique, anti-inflammatoire, anti-infectieux… Si l’origine du trouble est une tumeur ou un polype, une opération sera envisagée.

Les tumeurs malignes du cerveau sont rarement opérables : dans ce cas, il est nécessaire d’avoir recours à la radiothérapie et la chimiothérapie. Dans tous les cas, plus le traitement est démarré rapidement, plus l’évolution sera positive.

Comment aider un chat à mieux vivre son ataxie ?

L’ataxie du chat n’est pas toujours réversible. Dans certains cas, l’animal doit malheureusement apprendre à vivre avec ce trouble. L’affection de son maître et des mesures adaptées peuvent l’y aider.

Adapter l’environnement

Adapter l’environnement d’un chat handicapé peut grandement améliorer sa qualité de vie. L’objectif est double : garantir une autonomie maximale de l’animal, tout en lui évitant de se blesser. Il est bien entendu particulièrement important de limiter les risques de chute pour un chat qui tombe facilement. Mais il faut également veiller à ce qu’il ait facilement accès à sa gamelle, à sa litière, et à des endroits confortables pour faire la sieste, à l’abri des autres animaux.

L’aider à se déplacer

Lorsque le chat ataxique est gravement atteint, il peut avoir du mal à de déplacer par lui-même. Différents dispositifs existent pour l’aider à garder un minimum de mobilité. Si les membres postérieurs sont particulièrement touchés, il peut être intéressant d’équiper l’animal d’un chariot roulant pour chat handicapé. Celui-ci soutient l’arrière-train, et laisse les membres supérieurs libres afin que le chat puisse se diriger.

Le rééduquer

Dans certaines conditions, le chat ataxique peut apprendre à compenser partiellement son trouble. C’est le cas notamment lorsqu’il est déjà présent chez le chaton. Le stimuler par des jeux qui l’obligent à bouger va lui permettre d’apprivoiser progressivement son trouble, et d’apprendre à vivre avec sans trop en souffrir.

Questions fréquentes

Vous vous posez encore des questions ? Nous vous donnons ici les réponses aux interrogations les plus fréquentes des propriétaires de chats ataxiques.

Mon chat ne tient plus sur ses pattes arrières, que faire ?

Si votre chat présente une paralysie ou une faiblesse de l’arrière-train, la seule chose à faire est de le conduire en urgence chez un vétérinaire. Celui-ci sera en mesure d’évaluer la situation et de prendre les mesures appropriées.

Peut-on laisser sortir un chat ataxique ?

C’est une question que se pose tout propriétaire d’un chat handicapé : est-il possible de le laisser sortir ? Il est impossible de donner une réponse unique à cette question.

En effet, cela dépend de l’état de santé de l’animal, ainsi que de la configuration des lieux. Dans le cas d’un chat ataxique, le danger numéro un est la chute. Mieux vaut ne pas le laisser se balader sur les toits ! Des sorties sur un balcon peuvent être envisagées, à condition que celui-ci soit entièrement sécurisé.

L’idéal est de laisser sortir le chat dans un jardin clos. Mais attention, il est important de veiller à ce qu’il ne puisse pas en sortir, et aussi à ce que d’autres animaux ne puissent pas y entrer. En effet, un chat ataxique sera particulièrement vulnérable face à un agresseur.